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7 février 2009

Dans l’un de ces enclos quelques canards

  Dans l’un de ces enclos quelques canards barbotaient. Un autre abritait une demi-douzaine de chèvres. Plus loin une fosse surmontée d’un grillage était peuplée de canaris aux plumages multicolores. Un bâtiment bas et étroit aux allures de temple grec exposait les toiles d’un peintre des environs.
  Derrière la mairie, un grand bassin se découpait au milieu d’une pelouse. Le parc se prolongeait tout autour, limité par un muret. Albert Rousset le longea pour arriver devant un modeste monument édifié au fond du parc, à proximité d’un gros palmier. Cette construction consistait en une fontaine ancienne très dégradée. Au dessus d’une conque moussue, le monument dressait une façade plaquée de petites statuettes en céramique peinte. Au milieu d’une sorte de fronton le buste d’une femme émergeait de la pierre. Des vandales avaient brisé toutes les céramiques. Il n’en subsistait que des débris colorés. La femme n’avait plus de visage. Sur le côté gauche était gravé un texte en latin. Albert y lut un nom : Cécile de Donatello. Il s’apitoya sur les mauvais traitements infligés à la fontaine probablement vouée à une lente destruction, se promettant d’aller se renseigner à la bibliothèque quant à l’origine de ce vestige.
  Tandis qu’il ruminait devant l’humble monument, le soleil perçant le feuillage alluma un éclair à ses pieds. Intrigué, il se courba avec précaution. Pas de doute, là, affleurant la poussière du sol, sortait le bord d’un petit disque de métal. Peut-être une médaille. Il se pencha davantage, balaya du doigt autour de l’objet de métal.
  Il se releva tenant au creux de la paume une pièce de monnaie. Large et mince elle semblait ancienne. Le cœur d’Albert se mit en branle. « sacré nom, cette pièce-là était en or ! Il en mettrait sa tête à couper ». Il jeta un regard méfiant aux alentours. Assez loin, un employé municipal poussait une brouette. Il attendit qu’il s’éloigne avant d’ouvrir le poing pour y contempler sa trouvaille. A part un léger écrasement sur la circonférence, la pièce était en bon état. Albert la frotta doucement avec son mouchoir. Sur une face, elle révéla une croix avec un texte en bordure. L’autre face s’ornait d’un écu frappé de trois fleurs de lys et surmonté d’une couronne. Un texte courait également sur le pourtour de la pièce. En état de surexcitation, Albert plaça la monnaie dans un mouchoir qu’il enfouit dans sa poche de chemisette.
  Il fit quelques pas, s’apprêtant à regagner sa voiture quand une idée lui vint à l’esprit «  était-il bête ? Et si cette pièce n’était pas seule ? ». Il retourna devant la fontaine. Par bonheur, il gardait en poche un vieux canif. Il vérifia que personne ne l’observait et du bout de la lame il gratta la terre durcie. Quand il eut creusé sur une profondeur d’un peu plus de deux centimètres, il fut sur le point d’abandonner sa prospection. Sans conviction, il donna encore quelques coups de lame. Soudain son cœur bondit. Le canif venait de buter sur une surface dure. Le front en sueur, Albert dégagea un morceau de forme arrondie couleur de pierre. Cela évoquait la courbe d’un anneau. Il entra la lame contre le bord arrondi. Elle s’enfonça avec facilité. Quand il la remonta, un disque de métal émergea sous la poussière. Albert en avait la gorge sèche. Il craignit un malaise provoqué par l’émotion.
  Il s’agissait bien d’une monnaie d’or identique à la précédente. Et de plus, en meilleure état ! Du pied, il ramena la terre sur l’ouverture et marcha le long de l’allée. Il avait besoin de se calmer. Curieusement, son mal de dos s’était assoupi. Il alla jusqu’à la volière, regarda les oiseaux sans vraiment s’y intéresser.
  Quelques minutes s’étaient à peine écoulées. Une force irrésistible le ramena à l’endroit magique. Il déblaya fébrilement la terre, agrandit le trou. Il réussit à dégager un peu plus ce qui s’avérait être le col d’une sorte de vase. Un morceau de caillou rougeâtre fut mis à jour. Les bords en étaient nets comme brisés par un choc. Albert devina qu’il tenait un morceau de cire.
   Mais alors ! Là ! Devait se trouver enfoui un récipient ! Une jarre que l’on avait dû boucher avec de la cire. Il n’osa croire à ce qu’elle pouvait contenir.
  Avant tout, il fallait préserver le secret. Avec soin, Albert redonna au lieu son état primitif. Enfin satisfait, il se dirigea vers la sortie du parc.

                                                                        …

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